Voulez-vous comprendre pourquoi 75% des entreprises du CAC 40 ont adopté une raison d'être en 2024 ? Parce qu'une raison d'être, c'est plus qu'une simple déclaration. C'est une boussole stratégique.
La raison d'être est une composante cruciale pour toute entreprise cherchant à se transformer en société à mission. Elle incarne les principes et les valeurs que l'entreprise souhaite promouvoir au-delà du simple profit. Cet article détaille les étapes essentielles pour construire une raison d'être percutante et alignée avec les objectifs stratégiques de votre entreprise.
Définition Légale de la Raison d'Être
Selon l'article 1835 du Code civil, la raison d'être est constituée des principes que la société se donne et pour le respect desquels elle entend affecter des moyens dans la réalisation de son activité. Elle précise la manière dont la société va se comporter et les valeurs qu'elle entend promouvoir dans la poursuite de son objet social.
💡 Le saviez-vous ?
En avril 2024, 30 entreprises du CAC 40 (75%!) ont adopté une Raison d’Etre – contre 12% en 2019. 60% du SBF 120 en avait fait de même, dès mai 2022. La Raison d’être, pourtant facultative, apparaît donc comme un succès
.
La Première Étape : Construire sa Raison d'Être
Pour devenir une société à mission, il est indispensable de commencer par un cheminement personnel du dirigeant. Ce processus est la clé de voûte du changement de modèle de l'entreprise, de son offre et de ses pratiques.
Tips : Impliquer les Ressources Humaines : La conception de la raison d'être doit résonner avec l'identité de l'entreprise (ADN, valeurs, histoire). Il est crucial que les compétences des collaborateurs soient alignées avec cette raison d'être. Les critères d'évaluation doivent également évoluer pour intégrer la conformité à la raison d'être, influençant ainsi le calcul de la part variable et de l'intéressement des salariés.
Importance de la Raison d'Être
Pour le Dirigeant : C'est un outil essentiel pour prendre du recul sur ses motivations et les garder en tête tout au long du développement du projet. Elle aide à choisir les opportunités basées sur des aspirations et convictions personnelles.
Pour le Projet : Assure que toutes les actions servent cette raison d'être, permettant d'abandonner rapidement les actions non pertinentes. Elle transforme l'offre en moyen plutôt qu'en finalité, ouvrant ainsi un champ des possibles immense.
Pour les Parties Prenantes : C'est un levier de motivation et de cohérence. Dans une époque où la quête de sens au travail est forte, elle permet aux collaborateurs de savoir à quoi ils participent et motive les investisseurs pour un développement cohérent.
La Métaphore de la Montagne
La raison d'être est comparable au sommet d'une montagne à atteindre au début d'une expédition. Le projet représente l'expédition elle-même, avec l'entrepreneur comme premier de cordée, guidant l'équipe d'alpinistes (les parties prenantes) vers le sommet. Une raison d'être authentique et opérationnelle permet de maintenir la cohésion et la motivation tout au long de cette expédition.

Etape 2 : Intégrer la CSRD dans la raison d'être d'une société à mission
Pour intégrer la CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) dans la raison d'être de l'entreprise, il est crucial de suivre une approche structurée qui allie la vision stratégique de l'entreprise avec les exigences de reporting de la CSRD. Voici les étapes et éléments clés à suivre :
1. Aligner la raison d'être avec les objectifs de durabilité :
Définir clairement la raison d'être : La raison d'être doit exprimer la mission fondamentale de l'entreprise, c’est-à-dire ce qu’elle est et ce qu’elle veut accomplir sur le long terme. Elle doit inclure des objectifs de durabilité qui sont cohérents avec les valeurs et la vision stratégique de l'entreprise.
Associer des objectifs précis et mesurables : La raison d'être doit être accompagnée d'objectifs concrets et mesurables qui peuvent être intégrés dans le cadre du reporting de la CSRD. Ces objectifs doivent couvrir les domaines clés de la durabilité, tels que les impacts environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG).
2. Utiliser la CSRD pour valider la raison d'être :
Vérification et transparence : La CSRD offre un cadre pour mesurer et rendre compte des progrès réalisés par l'entreprise en matière de durabilité. En intégrant les indicateurs de la CSRD dans la gouvernance de l'entreprise, celle-ci peut démontrer de manière transparente comment elle met en œuvre sa raison d'être. Cela contribue à renforcer la crédibilité de ses engagements.
Double matérialité : La double matérialité (prise en compte des impacts financiers et des impacts sur les parties prenantes) doit être utilisée pour s'assurer que la raison d'être de l'entreprise est alignée à la fois sur ses objectifs financiers et sur ses impacts ESG. La CSRD aide à structurer cette analyse en fournissant des critères spécifiques pour évaluer ces dimensions.
3. Intégrer la CSRD dans la stratégie de gouvernance :
Stratégie de gouvernance alignée : L'intégration de la CSRD dans la raison d'être d'une société à mission doit être reflétée dans la stratégie de gouvernance de l'entreprise. Cela signifie que les conseils d'administration et les équipes dirigeantes doivent être activement impliqués dans la mise en œuvre et le suivi des objectifs de durabilité.
Capex et Opex alignés : Il est essentiel de lier les investissements (Capex) et les dépenses opérationnelles (Opex) aux objectifs de durabilité définis dans la CSRD. Cela permet de s'assurer que les ressources de l'entreprise sont allouées de manière à soutenir sa raison d'être.
4. Communication interne et engagement des équipes :
Rendre la raison d'être vivante pour les équipes : La raison d'être et les exigences de la CSRD doivent être traduites en termes concrets et inspirants pour les équipes. Il est essentiel de communiquer non seulement sur la conformité, mais aussi sur la manière dont ces efforts contribuent à la mission globale de l'entreprise.
Formation et sensibilisation : Les équipes doivent être formées pour comprendre les liens entre la raison d'être de l'entreprise, les objectifs de durabilité, et le reporting CSRD. Cela les aide à voir comment leur travail quotidien contribue à l'atteinte de ces objectifs stratégiques.
5. Évaluation continue et ajustement :
Suivi régulier des progrès : La raison d'être doit être régulièrement évaluée à la lumière des rapports de durabilité fournis par la CSRD. Les entreprises doivent ajuster leur stratégie et leurs pratiques en fonction des résultats pour rester alignées sur leurs objectifs de durabilité.
Feedback des parties prenantes : Enfin, il est important de recueillir le feedback des parties prenantes internes et externes pour s'assurer que la raison d'être reste pertinente et qu'elle est perçue comme authentique et crédible.
Intégrer la CSRD dans la raison d'être de l'entreprise, c'est s'assurer que cette dernière ne se limite pas à un simple énoncé de principes, mais qu'elle se traduit par des actions concrètes, mesurables et transparentes, en ligne avec les exigences européennes en matière de durabilité. Cette intégration doit être au cœur de la stratégie de gouvernance de l'entreprise, en mobilisant l'ensemble des équipes autour d'objectifs partagés qui concilient création de valeur et respect des critères ESG.
Etape 3 : Rédiger sa Raison d'Être
Il n'existe pas de règles strictes pour rédiger une raison d'être, mais elle doit être :
Pertinente : En lien direct avec l'activité de l'entreprise et les enjeux sociaux et environnementaux significatifs.
Ambitieuse : Positivement influente pour la société, engageant l'entreprise dans une démarche d'amélioration continue.
Structurante : Aide à définir ce que l'entreprise peut ou ne peut pas faire.
Impactante et Incarnée : Doit se décliner à tous les niveaux d'activité de l'entreprise.
En pratique, il s'agit de créer des phrases claires et percutantes, commençant souvent par un verbe d'action.
La Communauté des entreprises à mission propose des supports d'évaluation avec 4 degrés de maturité pour s'auto-évaluer sur la mission, la gouvernance de la mission, et les moyens affectés à la mission et l'intégration de la mission. Pensez à les prendre en considération dès à présent afin d'être le plus efficient possible !
💡 Pour un atelier pratique, lisez notre article #SAM - Focus pratique - Comment rédiger sa raison d'être pour optimiser son impact et transformer sa société en société à mission ?
Etape 4 : Tester et Adopter sa Raison d'Etre
La construction de la raison d'être est une phase amont qui nécessite du temps (environ 6 à 9 mois). Elle implique d'examiner ce qui existe déjà dans l'entreprise, de consulter les parties prenantes internes et externes, et de tester différentes formules. Il est crucial de laisser ce processus mûrir pour assurer une raison d'être authentique et opérationnelle.
Une fois la raison d’être rédigée (étape 1), il conviendra de définir les objectifs environnementaux et sociaux (étape 2) de la raison d’être pour sa mise en œuvre opérationnelle. Une gouvernance spécifique devra également être mise en place (étape 3) pour la mise en place et le suivi de ce projet. La raison d’être, les objectifs sociaux et environnementaux, et la gouvernance seront inscrits dans les statuts de la société (étape 5) via le dépôt d’une formalité au registre du commerce et des sociétés, tenu par le greffe du tribunal de commerce.
💡 Pour en savoir plus, lisez notre prochain article #SAM - Etape 2 - Les Objectifs Sociaux et Environnementaux dans la Société à mission.
Conclusion
En conclusion, la raison d’être constitue une fondation stratégique essentielle pour toute entreprise souhaitant se transformer en société à mission. Elle va bien au-delà d'une simple déclaration d'intentions ; elle devient une boussole qui guide l’ensemble des actions et des décisions de l'entreprise. En 2024, l'adoption massive de la raison d'être par les entreprises du CAC 40 illustre son importance croissante, non seulement en tant qu'outil de différenciation, mais aussi comme levier d'alignement avec les enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG).
L'intégration de la CSRD dans cette démarche souligne la nécessité de traduire ces principes en actions concrètes et mesurables, garantissant ainsi la crédibilité et la transparence des engagements pris. Enfin, la rédaction et l'adoption d'une raison d’être requièrent une réflexion approfondie et un processus rigoureux, impliquant toutes les parties prenantes de l'entreprise. Cette démarche, bien menée, permet non seulement de renforcer la cohérence interne mais aussi de mobiliser les équipes autour d'un projet porteur de sens, en phase avec les attentes sociétales contemporaines.
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🔗 Pour aller plus loin :
La communauté des entreprises à mission :
Webinaire BPI FRANCE sur les entreprises à mission :
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